Nos traditions de Noël en Provence : la Sainte Barbe, les pastorales, la crèche et Sainte Luce

Noël, en Provence, est la plus belle fête de l’année, la plus solennelle, pétrie de traditions.

Tout commence le 4 décembre, jour de la Sainte Barbe. Ce jour-là, chaque famille sème du blé ou des lentilles dans des soucoupes tapissées de coton. Ces graines vont germer (signe que les récoltes seront abondantes) et donner naissance à une touffe de verdure d’une vingtaine de centimètres de haut, que l’on réservera aux lieux sacrés de la maison : la crèche et la table du gros souper. Le blé de la sainte Barbe symbolise la renaissance de la nature.

C’est à ce moment-là que l’on installe la crèche et que se jouent les pastorales.

Si la mise en scène d’une crèche vivante fut réalisée par Saint François d’Assise dès 1224, cette manifestation ne deviendra populaire qu’au XVIème siècle. Elle n’apparaît alors que pendant la messe et se complète en Provence, dès le XIVème siècle, par des mystères, saynètes théâtrales qui évoquent en « lengo nostro » la marche à l’étable et la pieuse dévotion au nouveau né. Les bergers (lei pastre) en sont les principaux personnages, d’où ce nom de pastorales.

Petit à petit, sous l’impulsion d’auteurs inspirés, les pastorales de Noël sont devenues de véritables « comédies musicales », mettant en scène de nombreux personnages autour de la Nativité. C’est donc assez naturellement qu’elles ont été repoussées à l’extérieur des églises.

La plus connue, la pastorale Maurel, met en scène avec un dialogue naïf et satirique, en langue provençale, un pèlerinage improvisé, véritable course au miracle. Comiques, attendrissants et surtout terriblement humains, les personnages de la pastorale sont chers au cœur de chaque famille provençale et trouvent leur représentation dans la crèche. Les pastorales sont encore de nos jours bien présentes et bon nombre de spectacles sont montés chaque année par des groupes amateurs.

Quant à la crèche elle-même, c’est à la Révolution, avec l’interdiction des messes de minuit et des crèches dans les églises, que l’on doit l’initiative marseillaise d’installer des crèches dites publiques. En découla l’usage de faire une crèche dans chaque foyer.

Dans la crèche, le décor tapissé de mousse est le village provençal adossé aux collines. Les santons (dont le nom « santoun » signifie « petit saint ») représentent les personnages de la Nativité bien sûr, mais aussi tous ceux qui viennent les adorer : les personnages de la pastorale (les bergers, le ravi, le meunier, le boumian, la poissonnière…), ceux de la vie quotidienne (le maire, le curé, le garde champêtre, l’amoulaïre, le caveur de truffes…) et aussi ceux propres à l’histoire familiale de chacun.

L’ancêtre des santonniers est sans conteste ce moine capucin marseillais, bon sculpteur, qui au XVIIème siècle reproduit, pour le peuple, les personnages de la crèche de son couvent, en statuettes en bois de petite dimension. Mais c’est au début du XIXème siècle que les premiers maîtres santonniers créent le véritable santon provençal, en argile.

Le 13 décembre, on fête la Sainte Luce. Le jour croît du saut d’une puce : c’est le premier sursaut de l’hiver. Pour l’apprivoiser, on cueille le gui et le houx, ornements sacrés depuis la nuit des temps (pas uniquement chez les Chrétiens d’ailleurs) et l’on en décore la maison. Pour conjurer les mauvais sorts de l’hiver, on allume des lumières (bougies, lampions…) à sa fenêtre. Cette tradition des lampions est parfois déplacée au 8 décembre, pour la fête de l’Immaculée Conception.

Voilà, la crèche est installée dans la maison, le blé de la Sainte Barbe a commencé à germer… C’est une atmosphère recueillie et joyeuse qui se met en place pour attendre en famille la merveilleuse veillée de Noël et la traditions de Noël en Provence.